Un nombre croissant d’entreprises mettent les données au cœur de leurs processus de prise de décision. La clé pour réussir cette transformation vers une approche centrée sur les données est d’assurer une utilisation éthique en accord avec les valeurs de l’entreprise. Anne-Eole MERET-CONTI, Senior Consultant en Data Management chez Wewyse, présente ici une méthode pour établir un cadre éthique d’utilisation des données dans une entreprise, en s’appuyant sur la gouvernance des données déjà en place.
1. Cadre éthique d’usage des données : Qu’implique-t-il ?
Le cadre éthique d’utilisation des données au sein d’une entreprise doit incorporer les valeurs que celle-ci souhaite respecter et promouvoir. Il doit aussi englober des directives opérationnelles pour permettre à chaque acteur de s’engager dans le respect de ces valeurs. L’approche proposée ici repose sur l’utilisation des principes et du langage de la gouvernance des données pour définir ces directives opérationnelles.
2. Un projet piloté par le Chief Ethics Officer
Pour garantir le succès de la mise en place d’un cadre éthique d’utilisation des données, il est recommandé qu’un collaborateur interne, formé sur les questions d’éthique en entreprise, soit désigné pour diriger ce projet. Ce « Chief Ethics Officer », tel que suggéré par notre experte, supervisera l’intégralité des étapes du déploiement, notamment l’organisation, la communication à chaque étape et la supervision du déploiement opérationnel.
Il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste en éthique des données pour remplir ce rôle. D’ailleurs, la définition de « Data Ethicist » proposée par le gouvernement britannique peut être consultée à ce sujet.
Une suggestion pour implémenter en trois étapes un cadre d’usage éthique des données : les valeurs, les politiques et la gouvernance, ainsi que les responsabilités et les processus.
3. Réévaluer les valeurs de l’entreprise
Chaque entreprise possède ses propres valeurs, qu’elles soient explicitement énoncées et partagées, ou implicites. Ces valeurs découlent de l’histoire de l’entreprise et des individus qui la composent, et contribuent à sa différenciation par rapport à ses concurrents.
Dans son approche, Anne-Éole suggère de reconsidérer ces valeurs liées à l’utilisation des données en posant des questions simples : les données servent-elles ou garantissent-elles une valeur ? Est-ce qu’une valeur limite les usages possibles des données ? La réponse à ces questions permet de définir un ensemble de valeurs qui sera ensuite appliqué à l’utilisation des données.
4. Accompagnement et Éthique
L’adoption de l’IA en entreprise nécessite une collaboration étroite entre l’IA et les experts humains. L’IA est un outil qui doit être utilisé de manière spécifique, avec des requêtes claires, pour obtenir des résultats pertinents. Bien qu’essentielle, l’IA ne se suffit pas à elle-même. Sa pleine intégration dans les entreprises doit être accompagnée, notamment en termes de cybersécurité, et doit respecter des normes éthiques.
En somme, alors que ChatGPT offre des opportunités prometteuses pour le milieu professionnel, l’apport humain dans le processus d’utilisation de l’IA reste primordial.
5. Rassembler et collaborer
La redéfinition des valeurs de l’entreprise peut être réalisée par l’équipe chargée des sujets éthiques, le cas échéant. Sinon, c’est une opportunité de mobiliser les équipes autour d’une réflexion commune.
Notre experte recommande d’impliquer, outre le Chief Ethics Officer, des sponsors de haut niveau tels que des membres du comité de direction ou du conseil d’administration, voire d’associer des experts externes tels que des chercheurs ou des personnalités publiques. Le Head of Data Governance est également invité à participer, car il est crucial que le déploiement opérationnel s’appuie sur la gouvernance des données déjà en place.
Une fois validé par l’entreprise, cet ensemble de valeurs déclinées en principes applicables à l’utilisation des données est partagé en interne avec les collaborateurs et en externe.
On en discute !